Console bois et résine "Lagunes"

Une ligne d’horizon dans le salon

On croit d’abord voir un trait calme, presque une jetée. Puis la lumière glisse sur le plateau et révèle deux anses bleutées, comme des eaux dormantes à marée basse. « Lagunes » est une console qui n’imite pas la mer : elle en retient le mouvement intérieur. Le poirier massif, sauvé du feu, garde ses teintes miellées ; la résine, elle, ouvre un passage vers la profondeur. À chaque pas, l’angle change et les reflets basculent du turquoise sourd au bleu minéral. Une pièce silencieuse qui respire comme un rivage.

Sculptée comme un littoral

Aux extrémités du plateau, j’ai dessiné et creusé deux cavités douces, inspirées des courbes d’une carte littorale. Les berges sont polies, nettes, pour que la résine vienne s’y poser sans heurt. En transparence, on perçoit le fil du poirier : veines fines, nœuds rares, accidents précieux. La surface reste plane, lisse au toucher ; la main glisse, s’arrête sur un rayon discret, repart. Rien de démonstratif : juste ce qu’il faut pour laisser la lumière travailler.

Matières en équilibre

Le poirier—un fruitier ancien, au grain serré—donne la chaleur et la mesure ; la résine apporte la profondeur et la réverbération. Ensemble, ils composent un paysage intérieur : un bord, une eau, un silence. La console accueille un vase, une lampe, un livre ouvert comme on pose un galet sur une table de jardin. L’usage est simple, l’émotion durable.

Une pièce qui raconte

Chaque planche de ce poirier a été choisie, orientée, poncée pour que le dessin demeure lisible sous la résine. Les coulées successives assurent une clarté stable et un poli durable. La finition huilée nourrit le bois sans le figer. « Lagunes » ne cherche pas l’effet ; elle installe une présence. Et, quand vient le soir, le bleu se creuse—on entend presque le ressac.

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